Comprendre les zones d’ombre d’un temps, d’un état, de notre contrée, de notre colonisation par la littérature. On a ce fort désir de vouloir s’imprégner d’un environnement qui semble déjà si lointain. Ce numéro de L’ivrEscQ est consacré entièrement au centenaire de la naissance d’Edmond Charlot, décrit par les siens, comme passionné des arts et des lettres. Edmond Charlot voulait se vouer à l’universalisme. Il a donné aux écrivains une place en les révélant : «Charlot était comme la porte généreuse par laquelle on entrait dans le monde de l’esprit», dira Jules Roy dans la préface de la bibliographie de Michel Puche. Si on remonte le temps et on tente d’exhumer le monde des lettres, l’année 1936 est la création de la maison d’édition «Les Véritables Richesse» à la rue Charras. C’est aussi le Nobel d’Eugene O’Neill. Les Yeux fertiles de Paul Eluard. Les Beaux Quartiers, de Louis Aragon. Autant en emporte le vent (Gone with the Wind) de Margaret Mitchell. William Faulkner dans Absalon, Absalon !… et surtout la naissance de Assia Djebar, celle qui vient tout juste de nous quitter en laissant derrière elle une œuvre magistrale de cinquante ans et plus. Une œuvre plusieurs fois couronnée par de grands prix internationaux qui ajuste le temps et ses dédales par des fresques en inscrivant des dates. Nous sommes une date. 1936 est une date mémorable à la rue Charras. La naissance des «Vraies Richesses», au cœur d’Alger, se veut un carrefour des années trente et quarante pour le foisonnement des arts et des lettres. Un espace qui révèlera des écrivains, malgré la difficulté pour les Autochtones qui eux, publieront principalement les années cinquante ; néanmoins, des noms inscrits dans l’histoire de la littérature ont émergé grâce à Edmond Charlot : d’Albert Camus à Federico Garcia Lorca en passant par Jules Roy, André Gide, Emmanuel Roblès, et autres… Dans ce numéro, des collaborations richissimes les unes que les autres, de la naissance d’Edmond Charlot sont indispensables ; elles donnent un relief à l’histoire, au passé, au temps, probablement âpre, mais aussi paradoxal que cela puisse paraître avec un sentiment apaisant ou presque consolateur des agissements des Hommes. Sans parti pris, on veut pénétrer des pages usées de notre horloge qui se rouille presque et ressortir le beau.
Rue Charras, il y a de cela 79 ans ! Bonne réception !
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