Algérie’ Bab’ El…
Un pays fort riche de ses langues : trois langues profondément ancrées dans l’habitus algérien: tamazight, l’arabe et le français ; puis viennent se greffer à ces langues-mères, d’autres langues qui font la richesse de ce pays qui est polyglotte sans vraiment en prendre conscience. Ainsi, lors du Forum International du Roman-Algérie, organisé par la revue L’ivrEscQ, en partenariat avec l’AARC, nous avons baigné dans cette richesse linguistique, et nous avons réellement découvert l’éclosion d’une littérature émergente : la littérature d’expression amazigh ; et nous avons également pris conscience de nos ressemblances, de nos complémentarités : ces deux ferments qui devraient guider et structurer l’identité algérienne : une identité plurielle qui fait la force, la spécificité et la beauté de notre Algérie ; Ce matin, envie de lire en tamazight, en arabe, en français, langue de mon expression littéraire, celle de mes entrailles et de mes profondeurs que je sonde, que j’explore, que je « viole » pour en extraire le suc de mon existence… Envie de lire dans toutes les langues ; lire… d’abord, en attendant de pouvoir m’exprimer, me mettre à nu dans une expression plurielle : la Tour de Babel enfin ressuscitée ? Oui ! Pourquoi pas ! Tel est notre Défi, le Défi d’hommes et de femmes qui vivent en Algérie, qui vibrent pour l’Algérie, qui aiment l’Algérie, qui bâtissent l’Algérie…
La Main Rapt’Euse… ou l’histoire d’une agression
Au commencement, dans le surgissement du Verbe, dans le flot du tumulte des mots, une main ; sur ma nuque, une main qui pendant un instant, un court instant, exaltait l’agréable senteur de la douceur, de la bienveillance ; la sensation d’une caresse comme un baume sur la vie.
La douceur de cette main enfanta un sourire sur le coin de mes lèvres.
Soudain…
De nulle part surgit l’autre face de cette main ; une main échappée des profondeurs de la nuit ; une main empreinte de la noirceur du jour ; la main tendre, amicale, clémente se mua en un torrent de violence qui s’empara de ma chaîne en or et blessa ma nuque ; les traces de ce rapt commis parmi la foule, dans le crépuscule du jour fuyant, un jour de bonheur et de quiétude, sont encore visibles ; je porte cette blessure comme la trace d’une douleur vive qui éprouve un malin plaisir à faire durer le déplaisir du souvenir traumatisant.
Cette main surgie en un lieu improbable a laissé ses traces, elle a gravé ses empreintes. Son message sonne comme une musique d’ambiance qui revient en boucle :
«N’oublie pas, susurre-t-elle encore dans mon oreille, la vie est née d’une fragilité ; dans la fragilité elle vivra ; dans la fragilité, elle retournera ».
Moi, je refuse de retenir le message macabre de cette main. Je retiendrai plutôt l’image de ma main, mon autre main, celle en or massif, sertie d’une émeraude, que la main rapteuse ne réussit pas à ravir ; cette main, j’ai assisté à sa chute, sur le sol de la vieille ville d’Alger, cette terre qui a rendu l’impossible Possible ; cette enclave qui a habité ses rêves éphémères aux allures pourtant éternelles. Au coeur de mon traumatisme, alors que le monde autour de moi était médusé et s’enfonçait dans les sables mouvants de l’hébétude et de l’incompréhension, ma main, celle qui est en chair et en os, celle qui résista à la main rapteuse, celle qui s’est débattue pour rendre minime le butin du rapteur, ramassa, vite, très vite la main en or comme si elle craignait que la main rapteuse ne sévisse une seconde fois.
Quatre jours ont passé et je ne garde de mon agresseur que l’image d’une AGILITE ; un corps, grand, maigre, qui, telle une tornade, se faufila par¬mi la foule et disparut de notre vue comme si nous avions été témoins d’une illusion, d’un mirage qui, à ce jour, laisse une drôle impression d’impuissance !
Nadia Agsous
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