L’Emir Abdelkader Al Djazaïri, fondateur de l’Etat moderne Algérien, chef de la résistance et maître spirituel, est une figure universelle majeure du dialogue des cultures, des religions et des civilisations. Il disait : «C’est par référence à la vérité que l’homme intelligent connaît les autres hommes». Il s’agit de dialoguer, connaître l’autre et respecter sa singularité en vue du partage. Il enseignait que l’interconnaissance et le respect du droit à la différence sont les conditions du vivre ensemble dans la justice. A l’heure où la civilisation fait défaut dans le monde, la pensée et l’oeuvre de l’Emir Abdelkader Al Djazaïri à ce sujet restent d’actualité et doivent êtres rappelées.
Kateb Yacine, conférence prononcée le 24 mai 1947.
Le gouvernement, par la bouche du duc d’Aumale, promet que le prisonnier sera conduit en terre musulmane à Akka ou en Alexandrie, comme l’Emir l’a demandé. Mais la prise est trop grosse pour le duc, et sans craindre la réprobation universelle, il revient sur la parole donnée. Abdelkader et sa suite sont embarqués pour Toulon. Les colonisateurs ont peur d’Abdelkader, même vaincu…
(Source Fondation Emir Abdelkader)
Cheikh Khaled Bentounès
La personnalité de l’émir a séduit et parfois conquis ses propres adversaires. Le maréchal Bugeaud qui le combattit pendant des années, promoteur de la politique de la terre brûlée afin de réduire la lutte du peuple Algérien dirigée par l’émir Abdelkader disait de lui : «C’est un homme de génie…», une autre fois : «c’est un espèce de Prophète…» «C’est l’espérance de tous les musulmans fervent» lors de sa première rencontre avec Abdelkader, il le décrit comme suit : «il est pâle et ressemble assez au portrait qu’on a donné de Jésus Christ ». Un autre, Léon Roche, feignant de se convertir à l’islam s’attacha au service de l’émir pour mieux l’espionner, et relate l’épisode suivant, «admis quelque fois à l’honneur de coucher, dans la tente de Abdelkader, je l’avais vu en prière et j’avais été frappé de ses élans mystiques, mais cette nuit il me présentait l’image la plus saisissante de la foi, c’est ainsi que devait prier les grands saints du christianisme.»
(Source Fondation Emir Abdelkader)
Bruno Etienne
L’émir Abdelkader, al-Insan al-kamil, l’homme accompli (de son vrai nom Abd al-Qadir Ibn Muhy al-Din al-Hassani al-Jazaïri), héros positif, résistant, créateur de l’Etat algérien, fin politique, cavalier exceptionnel, homme de lettres et poète, humaniste avant la lettre, savant musulman tolérant, homme moderne et parfait dans sa voie traditionnelle, initiateur du dialogue islamo-chrétien, montre le chemin de la réconciliation entre les deux rives de
Extraits de La vie de Abd-El-Kader de Charles-Henry Churchill
l’Emire Abd-El-Kader
Rien ne témoigne plus nettement de l’immense supériorité dont jouissait alors Abdelkader, que le fait de pouvoir se targuer de telles prétentions et de formuler de telles exigences. Quelle en aurait été la conséquence réelle, évidente ? Il eut été reconnu comme le Sultan de l’Algérie, alors que les Français auraient vécu (et c’était en fait le cas), comme par tolérance, sur les marges de son empire, bénéficiant du seul avantage de commercer avec ses sujets.
Il faut en même temps se garder d’oublier qu’Abdelkader était parfaitement au courant de l’état de l’opinion publique en France. Il recevait régulièrement les journaux français. On lui traduisait les débats parlementaires, les articles de fond sur le problème algérien. Il voyait le parti libéral approuvant et soutenant de tout coeur le principe posé par son porte-parole, M. Dupin, qui dénonçait Alger comme un legs fatal de la Restauration, et qui devait être évacué, «si, s’écriait-il, nous ne voulons y laisser jusqu’à notre dernier homme, jusqu’à nos derniers fils».
Du ton général des passages qui lui étaient lus, il concluait que nombreux étaient les hommes politiques français, et parmi les plus influents, qui considéraient la colonisation en Afrique comme une utopie, et regardaient toutes les opérations guerrières qu’on y poursuivait comme autant de sang et d’argent gaspillés, et fermement convaincus que la véritable politique de la France était simplement de tenir quelques points le long de la côte dans le but d’interdire le retour de la piraterie, et d’entretenir des relations paisibles et profitables avec les indigènes. Si nous ajoutons à cela qu’Abdelkader voyait le Parlement français tirer la conclusion pratique de cette argumentation, en refusant d’autoriser, par ses votes, le dépassement d’un effectif de 30.000 hommes, qu’il apprenait qu’après la désastreuse retraite de Constantine, l’opinion en faveur d’une évacuation immédiate du pays prévalait plus que jamais, comment s’étonner qu’il en vint à penser qu’avec de l’obstination et un peu plus de persévérance, il parviendrait à obtenir des conditions qui le mettraient à même de réaliser l’idée qui lui était chère entre toutes: fonder un Royaume arabe indépendant ?
Les propositions exprimées par Abdelkader parurent à Bugeaud si totalement incompatibles avec les intérêts français, qu’il décida de mettre en oeuvre le second terme de l’alternative,-un appel aux armes. Au début de mai 1837, il rassembla toutes ses forces, environ 12.000 hommes, au camp de la Tafna, pour s’y préparer à des opérations offensives. Mais quand il eut fait le compte des ressources dont il disposait, il estima que le service du train des équipages était tellement au-dessous de la tâche qui l’attendait qu’il se crut obligé de suspendre sa marche en avant …
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