Talentueux peintre et illustrateur autrichien, Otto Rudolf Schatz est né à Vienne, tout à fait au début du 20 e siècle, le 18 janvier 1900, dans la famille d’un maître de poste. Il est mort dans cette même ville le 25 avril1961. Vienne est alors et encore la capitale de la puissante monarchie des Habsbourg qui a longtemps régné sur toute l’Europe. Au temps de la naissance du futur peintre, Vienne rayonne dans tout le continent et s’affirme comme un centre majeur de la vie sociale et culturelle. On y rencontre des artistes à profusion et les écoles d’art y foisonnent. On y trouve un environnement favorable à l’art, des collectionneurs, des amateurs d’art ouverts à la modernité, et nombre de mécènes. La ville jouit aussi d’une certaine prospérité économique. La société viennoise de cette époque est caractérisée par une aristocratie encore importante, et une bourgeoisie qui cherche à s’évader de la réalité par le biais de l’art. La psychanalyse est née à Vienne avec Freud et la littérature y est brillante: Robert Musil, Stefan Zweig, Artur Schnitzler, Rainer Maria Rilke, Hugo von Hoffmansthal, Josef Roth, et d’autres.Pourquoi choisir d’écrire sur cet artiste en particulier alors qu’il y a tant de créateurs plus connus que cette époque “bénie”, marquée par les progrès sociaux, technologiques, a révèlés en Autriche ; une période marquée par une grande ouverture d’esprit et le cosmopolitisme.Il y a évidemment toute l’admirable œuvre de Schatz qui justifie notre intérêt. Mais par ailleurs, l’histoire de cet artiste est aussi liée à quelque chose qui nous concerne plus directement, nous Algériens. Quand nous en saurons plus sur son parcours, nous le comprendrons aisément. Figure marquante dans la lutte contre l’oppression et la violence, il a usé de son art pour défendre la paix et la liberté. Toute sa vie atteste de son attachement aux valeurs de justice pour les petites gens, pour les plus vulnérables et les opprimés, lui qui a traversé l’horreur nazie qui s’est abattue sur l’Europe au siècle dernier. Il a utilisé son talent artistique pour décrire la réalité de son époque et y apporter une critique sociale. Fidèle à ses convictions, intègre et en cohérence avec ses valeurs, Schatz s’était, en effet, penché avec intérêt et sympathie sur la Guerre de libération nationale algérienne. Il a exprimé ce sentiment vers la fin de sa vie en créant des oeuvres inspirées par la lutte anti-colonialiste.Otto Rudolf Schatz a commencé sa carrière à l’École des arts appliqués de Vienne , la Kunstgewerbeschule, entre 1915 et 1918. Il y a reçu une éducation progressiste et il eut comme professeurs, Oskar Strnad et Anton von Kenner, le premier, un architecte et sculpteur, et le deuxième un peintre. Il a étudié toutes les techniques graphiques et de peinture et il a pu se déplacer sans effort entre la peinture, la gravure sur bois, l’art du livre, la typographie, l’art commercial, la conception d’affiches, les mosaïques, et la scénographie. Ses efforts artistiques précoces sont malheureusement interrompues par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Après son service militaire en 1918, Schatz réintégra l’école d’arts appliqués mais, après trois mois, il quitta à nouveau cette école. Il travailla alors comme jardinier, peintre en bâtiment et aussi comme dessinateur au sein d’une usine. Enfin, après toutes ces occupations diverses, il décida finalement de s’établir en tant qu’artiste indépendant.Dans les années 20 et 30, le jeune artiste s’engagea résolument à gauche. Il illustra de nombreux ouvrages de la littérature de l’entre-deux guerres (Stephan Zweig, Jack London, Upton Sinclair, Peter Rosegger…) , et travailla pour divers journaux et éditeurs sociaux-démocrates. À partir de 1925, il est membre de l’Association des artistes autrichiens. Il fait partie, de 1928 à 1938 , de la Hagenbund, une association qui réunit de jeunes artistes en désaccord avec les valeurs traditionnelles ; et en1946, il rejoint les rangs de la Sécession viennoise. La Sécession viennoise.La Sécession viennoise (Sezessionsstil ou Wiener Secession en allemand) est un courant de l’Art nouveau qui s’est épanoui en Autriche, plus particulièrement à Vienne. Officiellement fondée en 1897 dans le cadre de l’association des artistes plasticiens d’Autriche, la Sécession avait pour but de : -réunir les forces créatrices de ce pays ; -instaurer des contacts avec les artistes étrangers ; -prôner un échange international des idées ; -lutter contre l’élan nationaliste des pays européens ; -renouveler les arts appliqués ; -créer un art total et -opposer une nouvelle expression artistique véritable à l’art défraîchi des salons officiels viennois.Pour ces jeunes artistes, l’art doit être à l’origine d’une nouvelle conception de l’existence. Le critique littéraire Hermann Bahr définit ainsi l’objectif de la Sécession dans le premier numéro de la revue Ver Sacrum, organe officiel de la Sécession viennoise : «Notre art n’est pas un combat des artistes modernes contre les anciens, mais la promotion des arts contre les colporteurs qui se font passer pour des artistes et qui ont un intérêt commercial à ne pas laisser l’art s’épanouir. Le commerce ou l’art, tel est l’enjeu de notre Sécession. Il ne s’agit pas d’un débat esthétique, mais d’une confrontation entre deux états d’esprit.» La Sezession est composée d’artistes novateurs, donc, pourrait-on penser,
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