La littérature doit-elle plaire, non… puisque l’écrivain décrit l’idéal d’un monde dans son oeuvre qui lui permet souvent de réinventer ses rêves, de se confondre à un autre, son double. Il s’élève par un langage qui se rénove à chaque fois. Il ne convient pas d’écrire pour appartenir à la norme consentante, mais bien au contraire pour faire reculer les idées préétablies et surprendre. Des correspondances littéraires ou privées peuvent refléter l’âme d’une époque. Qui parmi nous a oublié cette correspondance intense et volumineuse de Gorges Sand, cette écrivaine du 19ème siècle avec Gustave Flaubert, Alfred de Musset etc., ou encore Alexandra David-Néel, cette exploratrice du Tibet, qui écrivait à son mari pendant quatorze ans des lettres de sa quête en parcourant des régions paradisiaques au parfum violent de la nature sauvage, l’Himalaya et le monde souffrant de Lhassa. Sans doute, voit-on se répandre un halo de soutien devant les peuples opprimés. Les humanistes, eux, dénoncent la brutalité des régimes en place pour faire halte à l’injustice. Nous vous présentons dans ce numéro de L’ivrEscQ des lettres de Simone Weil à Olivan Antonio Atarès, un interné dans le camp de Djelfa. C’est jouissif de voir une philosophe française démystifier la classe bourgeoise mais surtout dénoncer l’abus et l’aliénation du colonialisme. Nous percevons à travers ses engagements une pureté. Est-ce la voie de sa foi qui émane et lézarde le temps puisqu’elle mène une quête spirituelle ou est-ce le miroitement d’une âme élevée venant au secours des sous-peuples comme ainsi furent-ils stigmatisés. Un entretien avec le réalisateur David Yon étaye cela puisque son film Les oiseaux d’Arabie est construit par la correspondance entre Simone Weil et son épistolier espagnol. On comprend aisément le poids que supporte la mémoire de notre Algérie, Algérie profonde.
Toujours dans la continuité de la célébration du cinquantenaire de notre indépendance, le magazine littéraire L’ivrEscQ a l’honneur de vous faire découvrir en exclusivité un document inédit et historique. Le lecteur sera sans doute étonné par les témoignages de ces enfumades qui ont bel et bien existé dans notre pays.
Le dossier de cette édition est consacré à l’écrivain, Kaddour M’Hamsadji. Acteur du livre dans l’Algérie de l’après-guerre, il a toujours publié dans la presse
nationale des analyses, des critiques, des notes de lecture en offrant de très vastes horizons à l’oeuvre et à son auteur. Épris de verve, ce continuateur de Dib, Mammeri, Roblès… s’est emparé de plusieurs thématiques et a abordé la Qaçba, la bouqâla, le pèlerinage… Par sa présentation savoureuse et invitante, il donne à ses lecteurs le goût de lire, en d’autres termes, il ouvre les portes de la littérature, on a juste envie de s’y engouffrer… En composant des poèmes, se serait-il affranchi des « affres du style » par ce besoin de s’épancher, de se livrer ? Que nenni puisqu’il étend l’éventail de son talent par des mots simples. Kaddour M’Hamsadji nous entraîne dans un temps où l’Union des Écrivains Algériens brillait de son éclat comme le montre des photos d’antan que nous publions : Kateb Yacine, Mouloud Mammeri et autres. Il a côtoyé ce monde et nous le raconte dans un long entretien.
Le festival international du livre jeunesse ( FELIV ) s’est inscrit pour sa cinquième édition dans la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Ses organisateurs ont choisi des auteurs, souvent, des éditions françaises dont Actes Sud. Ils ont été reçus et ont fait la promotion de leurs ouvrages. L’Algérie s’ouvre aux autres, cependant, nous souhaitons que nos auteurs soient, de même, promus ailleurs afin que la littérature puisse dépasser ces interminables surenchères, mais aussi, la géographie des frontières et soit, enfin, universelle.
Bonne lecture !
L’équipe de L’ivrEscQ vous souhaite une bonne fête de l’Aïd-el fitr.
n.sebkhi@livrescq.com
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