Nourredine Séoudi est né à Alger en 1971. Historien, il publie sa thèse de doctorat sur la formation de l’Orient arabe contemporain en 2004. Féru de poésie, sa rencontre avec les poètes de l’Arabie préislamique lui font découvrir un univers extraordinaire. De là naîtra l’idée du monde de Sîn, l’une des plus anciennes évocations de la lune.
L’ivrEscQ: Y a-t-il une différence entre l’historien et le romancier que vous êtes ?
Nourredine Séoudi : L’historien vit dans un milieu confiné, on s’en aperçoit très vite. Lorsqu’il publie un ouvrage, il n’est lu généralement que par ses pairs, car, souvent, ces questions-là n’intéressent que très peu de personnes. Lorsque j’ai soutenu ma thèse, je me suis aperçu que l’histoire la plus importante, c’est l’histoire de la représentation, de la manière dont une société se voit et de la manière dont elle voit les autres. Cela influe indiscutablement sur le politique. Or, les ouvrages qui touchent le plus de public, ce sont ceux dans lesquels l’imaginaire est présent.
Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir écrire une épopée fantastique ?
Beaucoup d’ouvrages et de films sont sortis, et rien sur l’Orient et le Maghreb, du moins à ma connaissance. J’étais frustré de ce manque-là. Depuis l’enfance, j’avais envie d’écrire une histoire. J’ai eu le déclic en m’intéressant aux légendes de l’Orient et du Maghreb.
Quel a été ce déclic ?
En lisant les « Moualakates ». En fait, les tribus arabes s’affrontaient tout le temps, sauf pendant le mois où elles se rencontraient à la Mecque pour commercer. Ces tribus s’affrontaient sous forme de joutes oratoires ; celui qui avait gagné pouvait suspendre son poème soit sur la Kaaba, soit sur un arbre, appelé l’arbre de poésie, d’où les « moualakates ». Et c’est là que j’ai eu le déclic en rêvant d’un arbre de poésie qui serait un peu le garant de l’équilibre du monde. A partir de là, j’ai développé cette idée-là. Tous mes personnages ont une base historique et mythologique. A travers mes héros, j’ai tenté de réhabiliter les noms de poètes ou de personnages depuis les premières époques en Mésopotamie jusqu’à l’époque médiévale arabe.
J’ai étudié toute cette période-là et ai fait un index et un bestiaire. J’ai classé tous les animaux fantastiques, merveilleux, etc.
Quelle est, en quelques mots, la trame de votre récent roman de la trilogie Sîn?
J’ai créé un monde imaginaire où un arbre de poésie, légué par Sîn le dernier poète, garant de la stabilité du monde, était associé à une étoile et à un poète qui souffle sur cet arbre de poésie, lequel irradie le monde. C’est un arbre de lumière qui donne la vie. Mais, imaginez qu’un poème maudit soit lancé sur l’arbre de poésie, et le pervertit. Il en perturbe l’équilibre, le poète s’en va dans un autre monde et l’étoile disparait du firmament.
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