Ils le savent et vous le savez. Je dors en moyenne 16 heures par jour car le sommeil influe sur mon équilibre mental. Donc, personne ne peut me traiter de flemmard. Une telle chose serait inconcevable ! Permettez-moi de me présenter : Je m’appelle Dosto, j’ai deux ans et je suis un chat de gouttière. Non ! Il ne faut pas avoir l’esprit étriqué. Les chats peuvent aussi s’exprimer même si cela vous paraît invraisemblable.
Mon âme s’est imprégnée de mes lectures. On reconnaît un chat à son idole comme on reconnaît un arbre à ses fruits. De ce point de vue, il me plairait de dire que la magie des mots est aussi contagieuse que magistrale. Un chat racontar, non !
Evidemment, je ne vais pas fabuler. Le mieux c’est de relater des faits. Après tout, les plus belles réflexions se peaufinent. Qui sait, peut être que vous n’allez plus nous voir de la même manière ? Surtout si je mets à nu mon exaspération. En fait, j’observe la société avec beaucoup d’intérêt. Il faut dire que je désap-prouve la production des paradoxes. L’égarement est devenu une échap-patoire. Une chose qui nuit à la santé des individus. Les maux ont besoin de mots. Une analyse féline pour sor-tir de cette noirceur lancinante. Le rival de Tolstoï disait “Toute société, pour se maintenir et vivre, a besoin absolument de respecter quelqu’un et quelque chose.”
Lire… j’ignore la provenance de ce don. Toutefois, la magie divine peut opérer n’importe où et n’importe quand. Il est clair que je vénère cet auteur. Oui, le spécialiste de l’art tragique qui a parcouru toutes les gammes du bien et du mal. Mieux encore, je peux le citer pour refléter toutes les situations auxquelles je fais face dans la vie. En fait, rien n’a été facile pour moi : J’ai vu le jour dans une imprimerie et jusque là, Nadir n’était pas encore mon maître. Son passage à l’unité de production a été salvateur car les employés de cette imprimerie ne me ménageaient pas. Nadir m’a choyé comme ses livres. Il est devenu ainsi mon deuxième gourou. De quoi épicer mes pensées.
Pour pouvoir communiquer avec mon maître j’utilise des vocalises. C’est facile d’orchestrer les sentiments d’autrui. Avec un miaulement aussi doux que soyeux. On peut accéder à toute sorte de privilèges. Mais rien ne garantit la continuité de mes petits plaisirs, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose qui vient interrompre l’harmonie des choses. Mon petit problème s’appelle Rayane, le petit frère de Nadir. Ce petit diable me martyrise : il perturbe mon sommeil, il joue avec mes moustaches. Pire en-core, il m’empêche de vous résumer les contradictions de la société. Ses exactions dansent avec mes nerfs. Un film qui n’avait pas de fin heureuse car il a reçu la marque de mon désarroi. Une griffe.
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