En ce mois de ramadhan, en ce mois de piété, le livre ou le libraire prône le verbe Iqaa. Iqraa, verbe évoqué par le Créateur pour aviser l’être pensant de ses actes devant l’écho tambourinant les sons et les bruits terrestres. Dans notre société ou autres de l’Occident ou d’ailleurs, l’homme vit aux confins des espaces désertiques en état de sommeil ou d’hypnose agité au gré de ses désirs, de ses émotions, pis encore des courants tendancieux. Tant de savants agencent des mots ô combien justes pour gommer la rouille de l’arrogance, la ternissure de la avidité et atteindre enfin la plénitude, l’immersion par la lumière. Le Coran n’est nullement figé au 7ème siècle, selon Malek Chebel, et contient beaucoup de sagesse, loin de tous les archaïsmes qu’il faille abolir. C’est quasiment une gageure de vouloir passer à L’ivrEscQ des lectures autour des maîtres spirituels des siècles passés, en revanche quelques réminiscences autour des romancières ou quêteurs de vérité subjuguent le commun des lecteurs que nous sommes. Dans cette édition, outre la rubrique Histoire qui reporte plusieurs commémorations, notamment celle de notre indépendance, nous avons concocté des lectures ramadhanesques autour de plusieurs personnalités Isabelle Eberhardt, Assia Djebar et autres rappelant des portions de vie aux accents de la mystique. Soudain, les notes d’un piano m’arrivent et s’accordent à mon écrit. L’un chante, pendant que l’autre râle ou palabre… on construit une vie en accord avec les autres pour le paraître et nullement avec soi, pense-je. On se réveille un matin triste sans raison ! On dort un soir joyeux sans raison! Mais qu’est-ce qui demeure constant et fascinant à l’horizon? Évidemment, je me pose cette question en rapport avec nos lectures ramadhanesques proposées dans ce numéro de L’ivrEscQ aussi à travers le jeûne et les invocations puisque l’ambiance de ce mois-ci sied… nous vivons une bipolarité de la soif spirituelle et celle de la vie matérielle qui n’est guère une simple affaire. Mais que porte la terre sur ses épaules ? On côtoie tant d’hommes auxquels il manque une dimension d’apaisement, de sérénité. L’être a cet instinct vénal de gagner, de tout rafler, de tout prendre, de tout posséder par son égo, vice de tous les subterfuges. Épine de la convoitise qui atteint le cœur. Le monde est empli de personnes véreuses, polluées de l’âme et de l’esprit. Mais, pourquoi tant de souffrances ! La joie, le bonheur s’en vont avant même avoir installé leur géographie. Ils s’en vont comme une claque du vent. Des démons sommeillent en soi et peuvent générer des comportements pires que ceux observés dans le règne animal. À ce moment-là, la triade âme/ esprit/ corps n’est autre que l’architecture de l’être atteint, noyée dans l’auge de sa propre fournaise. Cependant, un rappel de soi, un temps d’arrêt en ce ramadhan est important. On a fait de l’islam une idéologie, une religion étroite, quelque chose de limité. On confond islam et arabité et on oublie les Pakistanais, les Turcs, les Iraniens, les Indonésiens, les Européens… Étrangement plus je creuse et plus la réponse que je crains s’avère fondée. Cette religion s’est entremêlée les pinceaux avec les coutumes, le culturel et le cultuel, le fond et la forme. La question du voile est très révélatrice n’en déplaise aux uns et aux autres puisque nous vivons l’aberration que le vêtement est l’accomplissement même de notre quête spirituelle. Est-ce que la véritable force intérieure s’arrête à ce détail ? Le prophète a dit : «Dieu ne regarde pas votre apparence, ni vos actions, mais Il regarde vos cœurs». Je sors de mon apnée. Je taille mes crayons pour inscrire encore le verbe Iqaa, car il est le vecteur de mes quêtes. Mon coup de cœur est cette librairie que nous vous proposons dans Coin libraire qui vient d’ouvrir ses portes au Savoir. Alors que les libraires plient bagages, Yamina Belaïd et son fils Aghilès inaugurent l’ouverture de cet espace livresque. Cet espace se veut celui des jeunes et grands lecteurs. Un espace de débats, de rencontres littéraires, des échanges… Leur pari est de miser sur les livres pendant que les autres multiplient les gargotes et le gain facile. Selon Aghilès, il y a des lecteurs ; d’ailleurs c’est un avis que je partage aisément, sinon pourquoi L’ivrEscQ dure depuis cinq ans. Bravo à Aghilès, ce jeune passionné des livres et hommage à tous les lecteurs d’ici et là. Diablerie, quand on y songe, nous priver de ce vaste moment de découvrir un livre est un immense péché. Car ce serait un monde dans sa bestialité humaine qui effraie et enfonce par une cécité ambiante dans une folie collective. Je me joins à toute l’équipe de L’ivrEscQ vous souhaitant un ramadhan de paix et une heureuse fête de l’aïd !
Bonne lecture !
n.sebkhi@livrescq.com
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