On ne croyait pas si bien dire quand on nous le racontait, mais en le vivant, on s’aperçoit de cette magie du partage qui s’opère, de cette féérie du spectacle qui désaltère et de cette beauté du verbe qui, d’année en année, prospère. Raconte-Arts en est à sa 12ème édition et fut cette année une totale réussite. La prochaine s’annonce pareille, sinon mieux. Le secret de cette réussite c’est le vivre-ensemble, le savoir-partager, l’osmose entre population et invités, la communion entre artistes et spectateurs, la convivialité et la bonne humeur de tous. Raconte-Arts est un festival artistique aux multiples facettes qui s’invite chaque année dans un village donné de Kabylie, en Algérie.
L’idée de ce festival est né en 2003, à la suite d’une discussion entre trois amis : feu Salah Silem, graphiste ; Hacène Metref conseiller jeunesse à la Direction de la Jeunesse et des Sports de Tizi-Ouzou et Denis Martinez, artiste peintre, ancien professeur à l’Ecole des Beaux-arts d’Alger, qui, tous trois se préoccupant de cette léthargie des jeunes villageois et de cette mort programmée que vivaient les villages reculés de Kabylie, décident d’y recréer la vie en y organisant un évènement fait par et pour le village. Et ainsi l’aventure commença pour arriver aujourd’hui à ce rendezvous atypique et original qui connait une notoriété grandissante et un engouement effervescent de la part de visiteurs qui en deviennent des habitués, et de villageois de partout qui en font, chaque année, leur «Mecque» culturelle par excellence. L’originalité de ce festival déploie sa toile à travers de nombreux tableaux. D’abord ce point névralgique par lequel tout commence. Une belle performance de l’artiste Denis Martinez, qui, d’un «point inaugural» tracé sur un mur du lieu central du village choisi (tajemait, fontaine ou autre) par une personnalité particulière, doyen ou doyenne du lieu, va, tout au long de la semaine, laissé libre cours à un talent indéniable qui va mêler symbolique du lieu, raffinement du geste et maturité de l’esprit. Cette originalité, c’est aussi : le vivreensemble, le vivre chez l’habitant, le vivre dans de chaleureuses maisons traditionnelles, le vivre dans l’esprit de la «tajmaat» ; le partage du repas sur les placettes, le partage des sourires et des risettes ; le partage des cafés dans des cafés, lieux habituellement réservés aux hommes, mais que les femmes ont le droit d’investir pour l’occasion ; C’est l’organisation de rencontres littéraires, de spectacles festifs, de soirées musicales, d’ateliers pour enfants, de contes, de masques, d’invités venus d’Algérie et d’ailleurs… C’est l’improvisation de scènes-surprises, de soirées inopinées, de lectures nocturnes nées au gré des rencontres, par goût des belles lettres, pour l’amour de l’échange… Raconte-Arts, c’est aussi et surtout le déploiement des efforts de tout un chacun pour faire de ce rendezvous culturel une réussite humaine. Après avoir élu domicile pendant une semaine par an à At Yani, Ouadhias, Taourirt Mokrane, Wizguen, Ait Smail, Ighil Bouamas, Agoussim… Cette année 2015, le village hôte fut une sublime contrée nommée Iguersafene (Daîra de Bouzeguene), un village d’ailleurs élu «le village le plus propre de Kabylie ». Un trophée amplement mérité, et les visiteurs venus, du 24 au 31 Juillet, célébrer l’art et assister à l’évènement ayant pour thème : «L’esprit de Tajmaât réinventé» ont en eu la preuve de visu. Monsieur Bakour Ali, Président du Comité du Village d’Iguersafene, qui a veillé personnellement et tout au long de la semaine au bon déroulement de la manifestation, se plait à nous communiquer, et non sans fierté – légitime – le nombre de 354 participants et plus de 2000 visiteurs, venus admirer un espace des plus beaux et une organisation exemplaire. Unis par un même objectif : la réussite du festival Raconte-Arts, organisateurs et comité de village s’associent, à chaque rendez-vous, aux habitants pour faire de leur lieu de vie un exemple de «culture du beau» et de cet évènement un symbole du «partage de ce beau».
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