On est souvent happé par un bon roman. Il nous habite de son halo par un regard sans trêve. Un bon livre est une méditation sur ce qui anime le monde. Une mélancolie. Une époque. Une nostalgie. Un plaisir des instants. Une errance à l’âme. Un hymne à la vie. Ce sont, aussi, des mots teintés de magie qui vacillent dans l’air. Des mots polis incurvant les émois. On écrit pour survivre, pour exister, pour assembler ce qui profile des lumières, des richesses, des paradoxes, des contradictions, des courroux. Dans ce numéro, le ton donné dans L’entretien de L’ivrEscQ est consacré à Yves Ansel. Il aborde dans le fond Milan Kundera, à telle enseigne qu’on ressort ébranlé par le constat. C’est toujours les mêmes qui dictent la règle du monde. Un pays riche est un organe central qui ressort les écrivains comme la France pour Kundera, sinon l’écrivain chez lui est nulle personne, nous confie-t-il. Sans aucune notoriété mondiale. Juste une momie d’Egypte rongée par les dédales du temps de son espace réduit. J’ai toujours pensé qu’il y a des romanciers qui égayent nos weekends moroses et d’autres qui peinent à nous décoller d’une étendue de sujets racoleurs et répétitifs. Du déjà lu. Du déjà vu. Mais les livres arrivent en plein figure parce que c’est l’affaire de la com.. La com. des pays puissants. La culture universelle dictée par le lobby mondial lorsqu’elle est un prêt à penser. Un ordre bien établi. Et on en appréhende voire on en tremblote d’appréhension.
Comment séduit-on l’autre ? Le puissant ? Comment briser l’omerta et oser faire halte aux règles édictées. Pas de risque chez nous puisque le livre sort à petite dose. Pourtant, les exégètes de notre littérature veulent des livres en vrac, en vrille.
Pourquoi écrit-on ? Ou pourquoi ne nous n’osons pas écrire. Comment abrite-t-on une voix quasi aphone par la décence. Une voix singulière, mais authentique ? Doit-elle se configurer dans le moule des pays riches. Simple querelle ici et là. Néanmoins, c’est juste surréaliste d’admettre que le monde est façonné par le code des autres. Hier j’étais dans mon avion, et évidemment pour passer le temps, il n y a pas mieux que de parcourir notre presse quotidienne. Je m’attarde sur le volet littéraire, que dire, culturel. Cette information est amaigrie, rachitique, vide, c’est presque effrayant ! Néanmoins, il y a un colloque sur Kateb par-là, un autre sur Dib par-ci, le centenaire de la naissance de Feraoun, d’ailleurs dans cette édition, nous vous informons, chères lectrices, chers lecteurs du centenaire des Femmes et des Hommes qui ont marqué cette date. Loin de moi ce voile du pathos, et posons les vrais questions : que reste-t-il de notre horizon livresque ? Les papivores veulent un livre. Un auteur. Un talent à la Feraoun, à la Dib… Feraoun a commencé en doutant de sa plume. L’éditeur l’a orienté selon sa convenance, que dis-je, selon sa ligne éditoriale, aussi française, aussi coloniale soit-elle. Il est traduit dans plusieurs langues. Et si la relève de cet immense écrivain nous narrerait ce monde en mutation. Un monde façonné à la cadence de son temps…
Découvrons moult sujets littéraires des sociétés hyper médiatisées qui inspireraient, sans doute, nos férus de la plume trempée de la littérature universelle. Sans oublier que dans ce numéro, notre grand écrivain algérien, Rabia Ziani, que nous avons présenté dans un dossier de L’ivrEscQ N°7. Il revient à l’écriture par une longue lettre intitulée Confessions, où il rend hommage à notre magazine. Nous l’avions inspiré dans une lettre qu’il nous adresse de 150 pages.
Il laisse couler son encre dans des confessions à découvrir absolument. Un écrit si savoureux aux papilles littéraires que nous vous passerons au fil de nos numéros. Merci à Rabia Ziani.
Bonne lecture !
n.sebkhi@livrescq.com
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