À « L’ère des soupçons ».
Plus on lit et plus on est emporté dans le vertige des mots ! Un monde chargé d’intensité et de beauté auquel nous aimerions trouver réponses en pénétrant le havre des écrivains pour comprendre les thèmes qui animent leur vie. Nous avons répertorié une liste d’ouvrages qui marque ce rendez-vous littéraire en espérant que nos livres algériens seront demandés ailleurs comme valeur sûre face à ce raz-de-marée des parutions livresques à travers le monde. Des oeuvres et des oeuvres de toutes les époques et de toutes les contrées qui racontent des fragments de temps. Néanmoins, je ne peux échapper à la fatidique question : À l’ère des quêtes mercantiles, pourquoi diable écrit-on ? Pourquoi s’échiner à passer d’interminables heures derrière son ordinateur pour accompagner la Littérature ? Comment se soustraire à cette passion qui dévore sa vie ? La quête ! L’autre quête serait-elle inaboutie à jamais ? Que c’est hilarant d’avoir cru ! Cette remarque m’est inconfortable. Mais nous prenons sans cesse ce qui demeure factice, voire accessoire pour le réinventer en un élément essentiel. On s’attelle à comprendre sans cesse ce qui anime l’un qui rejette cet autre. Est-ce la peur de se mirer dans le blanc des yeux de cet autre qui rappelle « soi enlisé dans des soucis primaires » ? Les auteurs qui publient au nord de la Méditerranée sont définitivement confirmés, car ils ont décidé pour eux. Mais le plus bouleversant est qu’il arrive souvent qu’un éditeur de chez nous refuse des livres, évidemment puisque celui-ci lit un livre tous les cinq ans ! On lit de moins en moins. Alors, comment peut-on jauger à l’aune de la verve des lignes façonnées pendant des nuits et des nuits, voire des mois et des années pour que des «profanes amateurs de spectacles frivoles» puissent apprécier en une lecture légère et en diagonale que le livre est bon ou pas bon ? Selon AbdAllah Ibn Al-Abbas, « ne te querelle jamais avec un juge ni avec un sot. Le juge trouvera un moyen de te vaincre ; le sot arrivera toujours à te faire éprouver un dommage ». La donne est ahurissante ! La Littérature renforce-t-elle la tonalité du burlesque ? Pendant que des auteurs au fin fond du Sud ou d’une de nos contrées oubliées dont personne n’entend parler griffonnent, brûlent, déchirent leurs tripes ! On a fait de la Littérature un déguisement grotesque pour se vanter. Qu’a-t-on gardé des dieux des Lettres : Tennessee, Hugo, Dib, Baudelaire, Gary, Duras, Kafka, Gide… ? L’écrivain serait-il déshumanisé pour se réinventer en une star people dénuée de toute émotion, attendant qu’un pitoyable trophée lui caresse son égo ; pourtant, l’Autre, Sartre, l’a refusé. Le Clézio, l’explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante, a fui les strass et les paillettes de peur de se muer en marionnettiste répondant au lobby littéraire. Et nous alors !? Je relis jalousement par morceaux les classiques pour noyer mon dépit livresque, car leurs écrits sont encore vivants virevoltants aux quatre vents pour nous rappeler que si l’autre peut travestir la Littérature pour plaire et se complaire, la Littérature, elle, n’a guère besoin de se heurter à cette tendance frivole que le temps gommera inéluctablement au gré de l’oubli.
Chères lectrices, chers lecteurs, on reste pantois devant tant de combats vains que nous menons pour croire qu’un jour la lueur sera à l’autre bout de cette nation qui n’a jamais été inculte, malgré les déboires que notre temps a connus. Au nom de toute la rédaction, nous nous inclinons devant les façonneurs du verbe, les manipulateurs des mots, les architectes de l’émoi qui servent la Littérature, cet art incapable de composer avec des formes vidées de tout contenu. Bonne rentrée littéraire 2011! Bon surf sur www.livrescq.com
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