C’est en découvrant une série de photographies prises par René Sintès en 1958 depuis le toit de son immeuble du quartier de la Marine, que l’on peut localiser les paysages urbains qu’il transposa dans ses oeuvres. Le pâté de maison classé «monument historique» et «ilôt de démolition» se trouvait exactement dans l’axe de la Casbah et l’Amirauté d’Alger et sa position à mi-chemin entre l’une et l’autre offrait au peintre un point de vue unique sur deux lieux emblématiques de sa ville natale.
L’entrée de l’immeuble se trouvait sur le côté Front de mer au n° 2 du boulevard Anatole France (aujourd’hui boulevard Saadi et Mokhtar Ben Hafidh) tandis que les fenêtres du logement donnaient sur la rue de la Marine, non loin des portiques de la mosquée Djemaa El-Kebir.
La Casbah s’étageait alors devant lui, offrant à toute heure ses pulsations, son haleine, ses changements de teintes reflétant la lumière de la baie algéroise. Plus tard vers 1960, quand Sintès se mit à peindre de nuit, sans doute pour échapper aux périls ambiants, elle devint une source intarissable d’inspiration, une muse qui, avec ses tourments, exerçait sur lui une fascination sans cesse renouvelée dans les toiles de la période 1960-62.
Non loin de l’entrée du n°2 où habitait Sintès, sur le même côté du boulevard Anatole France, face au port, se trouvait au n° 5 le Café de la Marsa dont l’arrière-salle aux multiples usages abritait dès 1955 les réunions de militants algériens, parmi eux Amar Ouzegane, premier interlocuteur musulman auprès du «Comité de paix» des libéraux qui se formera à l’approche de la conférence d’Albert Camus en 1956. (…)
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