L’Islande fait, au quotidien, face aux éléments qui se déchaînent en se chevauchant, hormis les rares et précieux brefs instants où le ciel bas se perce subitement de trous bleus éphémères tels des comètes de passage. Un crachin glacial ne cesse de se déverser, tandis qu’un vent violent vous fait tournoyer, sinon jeter à terre, si l’on n’est pas averti deux fois plus qu’une. Quitter ou entrer dans Harpa, miracle d’équilibre, magnifique réalisation sur l’eau et véritable assemblage d’alvéoles de verre scintillant de couleurs sous un ciel inclément, n’est guère une aventure sans écueil : un gouffre tempétueux se crée immédiatement et fait perdre le sens de l’orientation. Le gracieux édifice abrite le Festival littéraire international de Reykjavik et accueille des écrivains venus de toutes les latitudes. Reykjavik, capitale de la deuxième grande île européenne, tire une grande fierté de son classement par l’UNESCO de «ville de la littérature». Les raisons à ce statut unique, l’Islande le doit à son histoire avec la littérature.
Les livres sont une réalité existentielle en Islande, depuis les sagas, fondatrices de toute la mythologie nordique. Leurs manuscrits sont un joyau national, les Islandais les montrent aux chefs d’État en visite dans leur pays, et les chaînes sont quotidiennes devant l’institut qui les conserve à Reykjavik depuis 1971, date de leur restitution par le Danemark. À ce riche héritage littéraire, s’ajoute un fonds sous la forme de poésie scaldique, poésie complexe et difficile qui incite au désir d’interprétation.
La star incontestable de la cérémonie d’ouverture du Festival n’est autre que le maire de Reykjavik. Derrière un masque de placidité, perce une personnalité haute en couleurs, au sens de l’humour débridé qui fait plier de rire la nombreuse assistance, dont le poète chilien Antonio Skarmeta, les écrivains congolais et russe Alain Mabanckou et Andrei Bitov debout à mes côtés. Avant d’être maire, il a été comédien, dit-il. Pour lui, la politique est un club où les écrivains ne discutent que de grammaire ! Et sa théorie politique se définirait comme un «anarcho-surréalisme» ! La truculence du maire enchante les présents, sans faire oublier à ses invités que c’est ce même homme qui a réussi à hisser sa ville au rang de capitale culturelle en Europe.(…)
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