L’ivrEscQ : Vous êtes belge, de la patrie d’Hergé. Vous avez débuté votre carrière de bédéiste il y a vingt ans, à l’âge de quarante ans. Aujourd’hui, c’est en Algérie que vous passez le flambeau en animant des ateliers. Racontez-nous cette aventure. Comment a-t-elle débuté ?
Étienne Schréder : Au printemps 2008, à Tétouan, au Maroc, j’avais été invité en tant que membre du jury à un petit festival BD. J’avais demandé à rencontrer les jeunes bédéistes qui participaient au concours. Un Algérien observait ces rencontres. C’était le directeur artistique du FIBDA qui préparait sa première édition.
Sur son invitation, je me suis rendu à Alger en octobre 2008, puis en 2009. L’idée d’un atelier de formation était dans l’air mais je ne me sentais pas concerné, étant bédéiste moi-même et non enseignant. Ce n’est qu’en 2010 qu’une première expérience fut tentée, durant cinq jours. Et là, j’ai immédiatement réalisé le potentiel de ces jeunes dessinateurs. Nous nous sommes donc organisés et des sessions de formations furent mises sur pied en 2011 et en 2012, toujours dans le cadre du FIBDA et toujours avec des publications à la clé. Apprendre et réaliser, c’est le principe de base de ces formations. Votre expression « passer le flambeau » est juste, car je n’enseigne pas au sens strict du terme. J’ai moi-même appris mon métier en pratiquant la BD sous l’œil de professionnels expérimentés. Sinon, je ne connais pas d’autre méthode.
L. : Sachant que les jeunes bédéistes algériens ne donnent pas libre cours à leur créativité, comment les guidez-vous vers l’expression de leur plein potentiel ?
É. S. : Créativité nécessite support imprimé et support imprimé nécessite créativité. Pour rompre ce cercle vicieux, le magazine BD El Bendir fut créé après le second FIBDA. Même s’il survit actuellement tant bien que mal, il est primordial qu’El Bendir existe et soit suivi par d’autres périodiques BD. La créativité des jeunes ne pourra s’exprimer qu’à cette condition. Comment la guider ? En attirant l’attention des jeunes sur ce qui les entoure, sur eux-mêmes. Une BD algérienne à l’image d’une BD franco-belge ou d’une BD japonaise n’a aucun intérêt. Les jeunes ont des choses à dire, je me contente de leur donner les moyens techniques de le dire. Et croyez-moi, ça marche !(…)
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