L’ivrEscQ : La librairie générale d’El Biar existe depuis 1965. Décrivez-nous le climat ’’Littéraire’’ qui régnait à l’époque ?
M’hand Smaïl : Mon défunt père (Smaïl Smaïl) était enseignant en langue arabe. Tout le mérite lui revient car c’est lui qui a inauguré cette librairie. Au début, c’était un petit espace de 25 mère carré. Il était exclusivement dédié à la littérature arabe. À cette époque, la librairie était un lieu où les élites se rencontraient. Pour enrichir son espace, mon père importait des livres de l’Orient (Egypte et Liban). La raison est simple : les maisons d’édition algériennes étaient rares. Toutefois, il y en avait quelques unes comme Ennhada et la maison des livres. On n’avait pas l’embarras du choix. Nous avons résisté en tant que libraires. Il ne faut pas oublier que la SNED (La Société Nationale d’Edition et de Diffusion) avait dans les 70 librairies. C’était difficile de se faire une place. On a pu avancer malgré les obstacles. Ce qui nous a permis de faire de cette librairie un espace dédié au savoir et à la littérature.
L. : Dans quelles circonstances avez-vous pris les commandes de la librairie ? Peut-on parler d’une obligation morale ?
M. S. : Mon père m’a laissé témoin vivant de la situation des libraires. Lorsque j’ai fini mes études en droit, il m’avait demandé si je voulais vraiment reprendre la libraire. Je peux dire que c’était un choix réfléchi. En 1988, l’Algérie a traversé une mauvaise passe. Les évènements tragiques se succédaient. Tout le monde savait à quel point le climat était tendu. On avait même reçu des menaces concernant des titres qui étaient en vente. J’ai dû travailler tout seul pendant 8 ans pour gagner ma pitance. À la fin des années 90, nous avons choisi de collaborer avec des importateurs privés. Mais plus tard, quand j’ai fondé les éditions El Hibr (2006), je n’avais pas envie de focaliser sur la littérature arabophone.
Je voulais un catalogue diversifié. Par ailleurs, j’ai réalisé des travauxd’expansion. En 2000, La librairie générale est passée de 25 à 70 M².
L. : En 2006, vous avez créevotre propre maison d’édition (El Hibr). Qu’est ce qui a motivé votre démarche ?
M. S. : C’était une démarche spontanée.On peut être libraire sans avoir à passer par l’édition. C’est facile de choisir une seule voie. Mais là, il s’agit de deux métiers qui me passionnent. Au début, mon objectif était de créer une petite maison d’édition dédiée aux sciences humaines. C’était pour un public ciblé.
La tâche n’était pas facile : il fallait trouver des universitaires. Cependant, j’ai constaté peu après qu’il y
avait trop de démarches à faire. Cela m’a amené vite à devenir un éditeur généraliste. Nous avons actuellement un catalogue de 160 titres. On travaille aussi sur les achats de droits.
Je cible tous les titres qui peuvent toucher le lectorat algérien et l’intérêt du pays. Mon but est derendre certains titres « accessibles ». Par exemple : un livre de 30 euros, je peux le proposer après l’achat des droits à 1200 DA. Tout compte fait, on veut être proches des lecteurs et cela fait partie de notre politique éditoriale.
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