Réunis en cinquante-huit saynètes douces-amères, ces témoignages sur les difficultés de la vie cairote ne manquent pas d’humour et de cocasserie…
«C’est par le biais de la culture que les sociétés se développent, nous appartenons à des pays en voie de développement où la littérature doit jouer un rôle primordial»
L’ivrEscQ : À mi-chemin entre l’écriture journalistique et la chronique sociale, Taxi est un ouvrage difficile à classer dans un genre. Que pouvez-vous nous dire sur la structure originale de cet ouvrage ?
Khaled Al Khamissi : La structure vient de la prose arabe « el maqama. » C’est une forme littéraire de la prose arabe. C’est difficile, car ce n’est pas européen. Elle est la descendante du « essayer echaâbia » bien connu par les gens de culture arabe.
L. : Pouvez-vous parler de la langue dans laquelle il a été écrit, et pourquoi avoir pris ce parti de la langue vernaculaire ?
K.E.K. : La narration a été écrite en arabe classique et les dialogues en dialecte égyptien. Il aurait été impossible pour moi d’écrire les contes de la rue du Caire, parlés par les gens du Caire, en arabe classique. Je trouvais cela impensable. Réellement, cette méthode d’alternance de l’arabe classique et de l’égyptien dialectal est une tradition ancienne. Si on revient dans les années 1920, le roman de Taoufik Al-Hakim qui s’appelle Le Retour de l’âme, certainement traduit en français, était écrit de la même manière : narration en arabe classique et dialogues en dialecte égyptien. Cette tradition a duré un siècle. Ce qui se passe dans mon livre est que le pourcentage de dialogue est important, c’est pour cela qu’on a mis en avant l’écriture en arabe dialectal.
L. : Quel peut être le rôle de l’écrivain dans la société en général et dans le monde arabe en particulier ?
K.E.K. : La littérature est un moyen de développement. On ne peut pas concevoir le développement économique, social et politique sans la littérature et la culture. C’est par le biais de la culture que les sociétés se développent; nous appartenons à des pays en voie de développement où la littérature doit jouer un rôle primordial.
L. : «Je me rappellerai toujours que les sentiments de peur sont généralement suivis par l’espoir d’un lendemain meilleur» écrivez-vous. Est-ce une phrase de consolation ou une réelle possibilité. Comment au lendemain d’une révolution envisagez-vous l’avenir de votre pays ?
K.E.K. : La révolution n’a que commencé et la chute de Moubarak n’est que le début. Le processus durera des années. Je suis confiant car nous n’aurons pas seulement en Egypte mais dans le monde arabe un lendemain meilleur totalement différent de ces trente dernières années (…)
Par Soraya Boudriche Derrais
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