«Des pages en or d’une histoire de gloire»
Avec son nouveau roman, Rachid Ezziane nous fait l’impasse sur ses coutumières nouvelles et autres récits pour nous plonger corps et âme au sein de cette histoire légendaire de la ville de Tlemcen. De son voyage dans l’histoire la plus profonde et la plus féconde du pays, il nous revient avec en main ce petit mais très précieux titre intitulé Tlemcen, la Miraculée ! L’ouvrage n’est, en réalité, qu’une histoire bien romancée de cette Tlemcen de l’ère des Zianides captive de son état, puisque longtemps assiégée durant huit longues années de règne (entre 1299 et 1307) par cette dynastie des Mérinides. Bien protégée par ses forteresses et grands remparts, Tlemcen aura vécu son inattendu calvaire, recroquevillée sur elle-même, calfeutrée dans sa légendaire histoire et emmitouflée dans ses nombreuses coutumes et très bénéfiques activités artisanales et bien traditionnelles. Durant toute cette longue période, Tlemcen, l’autre perle de la Méditerranée et du Maghreb, fut donc à ces moments-là interdite de vie, encerclée de tous les coins, assiégée de toutes parts, bien déterminée à vivre, aussi longtemps que faire se peut, la peur au ventre et en vase clos, prêchant le ciel et priant le Grand Seigneur dans l’attente d’une hypothétique issue salutaire à son malheur, devenu infernal. A mesure que les jours et les semaines passèrent, les verrous davantage contre elle se serrèrent, lui faisant croire au pire de ses malheurs. Et pour accentuer l’impact ou l’intox de la peur dans l’autre camp, les Mérinides y construisirent à la lisière de son territoire la grande tour d’El Mansourah, afin de mieux surveiller ce qui se passait à l’intérieur de ses murs d’enceinte. Considérée à présent telle sa consœur ou sa jumelle, El Mansourah n’était plus autrefois que la rivale de Tlemcen dans cette guerre fratricide opposant les Mérinides aux Zianides. Et alors qu’il ne restait plus de victuailles et de provisions que pour tenir seulement trois jours, et qu’on allait «exécuter les femmes pour l’honneur des Zianides et de leur tribu», vint enfin ce miracle tant attendu et longtemps espéré… ! Tlemcen fut alors sauvée in extremis et illico presto ! Quelle chance… ! Quel sort heureux enfin… ! Les cieux comme les dieux de la terre et de l’univers avaient donc entendu sa prière, bien exaucé son vœu et surtout favorablement répondu à ses légitimes attentes. Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011 aura donc à cœur joie de se proposer de vous conter son histoire légendaire, en mettant surtout l’accent sur cette autre réalité qu’elle aura à ressusciter, et dont l’ouvrage Tlemcen, la Miraculée de Rachid Ezziane en fait l’écho. Très subtil dans son analyse, concis et bien précis dans son conte (presque de fées) et magnifique récit, le titre considéré a de fortes chances d’être bien apprécié au regard de son contenu important et très imposant, et surtout tenant compte de la manière remarquable dont il a été mené et écrit. Mieux encore, la suite que constitue «De l’Alhambra au Méchouar» perpétue dans l’espace et le temps le prolongement de cette magnifique histoire de la ville de Tlemcen, et de celle de l’Algérie de façon plus générale. Cette manière de faire de l’auteur, au-delà de la belle histoire d’Andalousie à évoquer au passage, n’avait-elle sans doute pas pour but de recomposer tout le passé glorieux de la ville et de la région dans la perspective de réaliser avec cette nécessaire succession chronologique des faits et autres évènements marquants de l’histoire du pays dans cette quête effrénée à les faire coller davantage aux temps présents ? Implicitement donc, tout concourt vers la démonstration de ce nécessaire postulat. Plutôt cette seule et bien tangible vérité ! Les temps anciens ne sont qu’à portée de main ! C’est Tlemcen, la Miraculée, qui en parle. Ecoutons-là donc… !
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