Une plume utile et belle de Gisèle Halimi «La cause des femmes». Cet ouvrage divisé en plusieurs approches, certaines de l’ordre du féminisme universel interpellant toutes les femmes, d’autres plus spécifiques aux lieux et aux époques. Cette lecture est une occasion de se doper d’un peu de féminisme, courant que les femmes, elles-mêmes feignent de mettre au placard pensant qu’elles ont tout acquis. Belle supercherie ! Malgré l’évolution de l’être-pensant à travers le temps, les femmes sont conditionnées par une société masculine selon Gisèle Halimi. « La femme-, on lui raconta qu’elle était un être de passion, d’instinct, d’intuition. (Toutes qualités dont l’homme se dépouillait, pour ne s’octroyer que l’intelligence créatrice, l’esprit scientifique, l’art « d’être aux affaires » le goût inné pour le pouvoir.) » (p.xv) C’est tout de même cocasse de voir, du côté du Sud, à ce jour le courant féministe clivant de la sempiternelle triade –identité, féminisme, religion- (où nichent tous les traquenards surannés et éculés du patriarcat sous le sceau de l’absurde). Nous l’avions bien encaissé l’année écoulée du mouvement populaire. La femme a-t-elle rattrapé tout ce temps perdu, le déni séculaire que les aïeules ont vécu ? Selon l’auteure « Le pouvoir que les hommes des cavernes assimilaient au divin, les hommes du judéo-christianisme le définirent comme une fatalité biologique, un destin qui asservissaient la femme, corps et vie. C’est que, bien antérieurement à toutes les théories pré-industrielles et marxistes, le patriarcat refusa de reconnaître en la femme un sujet autonome et responsable » (p.xix) Gisèle Halimi appuie qu’avec l’égalité, dans le travail, dans la famille, dans le couple, dans la rue, dans la société, dans la politique, on pourrait acquérir d’autres valeurs culturelles dans sa relation à l’autre. Un acquis même dans la différence identitaire. Or, le pouvoir politique de tous temps a été la chasse gardée des hommes. Ce sont eux les guerriers, les détenteurs du haut de leurs trônes. « De tous temps, sous tous les cieux, à l’occasion de toutes les croisades –que ce soit pour instaurer la barbarie ou pour défendre la liberté-, les hommes ont violé. Femmes-butin, femmes niées, femmes saccagées » (p.xx) La cause des femmes a fait progresser l’humanité. L’humanisme a phagocyté la femme dans l’homme sous prétexte de la fondre dans l’individu, piège de la démocratie. L’expression chez Gisèle Halimi est dénuée d’artifice : « Gommer des privilèges, neutraliser des rapports de force, inventer la solidarité, bref, passer de l’état de l’homme des cavernes à celui de la personne humaine, porteuse et génératrice de droits et de devoirs, implique l’intervention de la loi » (p. xxvi), la loi ne tergiverse pas, elle cible, elle protège, elle élève. La loi dédaigne la machination des panses avides d’un pouvoir insatiable, voire glouton. La loi impose l’éthique, en somme, elle décrète la noblesse. Des siècles d’hégémonie masculine, nous ont réduites au silence, ou pis, au mimétisme. «Le féminisme permet une conquête des femmes sur elles-mêmes, sur l’incertitude initiale de leur propre identité. Enfermée dans son rôle féminin, la femme ne mesure pas à quel point son oppresseur et lui-même prisonnier de son rôle viril. En se libérant, elle aide à la libération de l’homme. » (p. xxxviii) Ainsi l’auteure de cet ouvrage discrédite la pensée univoque qui marginalise la femme ; et au fond les sociétés sont rétives aux grands changements. Elle montre son rejet viscéral de toutes les infériorisations y compris celle de la colonisation où la femme a pris son destin à bras-le-corps. «Durant la guerre d’Algérie, les femmes, sans avoir sollicité l’accord de quiconque, ont brûlé leurs voiles et leurs préjugés ancestraux sur l’autel de la révolution (…) de retour du maquis, elles ont expliqué, cartes et crayons en mains, la stratégie militaire, l’organigramme… » Elle appuie « Mais les quelques Mata-Hari et Marthe Richard n’ont, en rien, fait avancer la cause des femmes ! Au contraire. » Dans ce livre consistant de 300 pages, la militante des causes justes montre la ténacité à vouloir changer la donne par une plume constellée de lueur et d’espérance. De la naissance déjà, elle se positionne par tant de pourquoi où elle est face à un amoncellement d’interdits et de tabous. Je recommande vivement cet ouvrage de Gisèle Halimi, Défenseuse passionnée de la Cause des Femmes. Que son âme repose en paix !
Nadia Sebkhi
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