L’ivrEscQ : Vous avez beaucoup voyagé, une tendance à partir en escapade. Croyez vous que cela a influencé vos peintures ?
Valentina Ghanem Pavlovskaya : Si je ne me déplace pas, je meurs. Je pense que la vie est synonyme de voyages. Ils m’apportent une nou-velle lumière, un nouveau souffle. La vie nous parle. Les odeurs des villes, leurs us et coutumes , leur quotidien. Tout cela nous offre de nouvelles perspectives. Les poètes ne cherchent pas l’origine de leur inspiration. Ils se nourrissent. Ce sont des choses qui restent gravées en nous. Une chose qui influe sur nos choix de thèmes. Je suis partie au Sud, j’ai épousé le désert et la plénitude. Maintenant, je me considère comme riche. J’ai fait quarante-huit pays et chaque voyage m’offre une nouvelle motivation.
L.: Vous aviez eu le courage et la détermination pour exposer durant la décennie noire. Dans quelles circonstances avez-vous entrepris une telle démarche ?
V.G. P. : Le seul moyen de sur-vivre c’est de peindre, de procréer la lumière. Certes, il m’était difficile de sortir, j’étais tout le temps à la maison. Mon fils se déplaçait pour ses études et j’avais peur pour lui. Il y avait un climat de terreur. Mais j’avais une arme : je peignais la joie et des choses qui peuvent nous mo-tiver, nous donner une raison de survivre. Je citerai la Kabylie à ce propos. C’est ma chanson ! J’expo-sais chaque année car j’ai ressenti le besoin d’extérioriser, non seulement pour moi mais pour le peuple. J’avais des expositions où j’utilisais le rouge sur mes oeuvres. Histoire de refléter ce bouillonnement.
L.: La femme occupe une place déterminante dans vos oeuvres. On suppose qu’il s’agit de votre gourou…
V.G. P. : Le monde des femmes fait partie de moi. On partage beaucoup d’affinités. On transmet ce mélange de sensibilité et de sensualité. Ce n’est pas une peinture exclusivement féministe. Il y a d’autres thèmes qui sont abordés. J’ai aussi travaillé sur la musique, en mettant en avant mes compositeurs préférés. Et même des poètes, des chanteurs et des écri-vains. La femme donne la vie. Elle est belle et indépendante donc je pense que c’est normal de refléter cette dou-ceur.
L.: Vous privilégiez le figura-tif avec des techniques pastel, aquarelles et même acryliques. Dans quel cadre artistique vous situez-vous ?
V.G. P. : Je n’ai jamais cherché à m’encadrer dans un style précis, je ne veux pas m’enfermer. C’est impor-tant d’être rebelle, de donner libre cours à son imaginaire. Je peux être réaliste, et même faire le contraire. Je travaille sur le vent de sable, les choses en mouvement, en ébullition. Des fois, je bascule vers des choses calquées sur le quotidien. J’ai fait une exposition Reflets d’Alger. La Cas-bah et les ruelles de la capitale m’ont donné de la matière.
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