Petit, brun, toujours souriant derrière ses lunettes noires, vous pouvez rencontrer Emmanuel Roblès dans les rues d’Alger ou chez l’éditeur Charlot quand un travail urgent l’arrache à son ermitage de la Bouzaréa.
Comme les héros de ses romans, il est franc, chic et généreux, épris de poésie virile et avide de tirer de l’heure son maximum d’action et de joie, c’est-à-dire de vie. S’il prend parfois son bonheur au tragique, c’est parce que le sang andalou et le soleil africain hurlent dans ses veines, parce que, comme ses amis Camus et de Fréminville, il peut jouir intensément de la beauté des êtres et des choses, cette beauté qui passera avec l’heure, hélas !
Né le 4 mai 1914 à Oran dans une famille d’ouvriers d’origine espagnole, Roblès a fait ses études à l’EPS Ardaillon puis à l’Ecole Normale d’Alger. En 1934, après un séjour en Allemagne, il est appelé sous les drapeaux dans l’aviation. En 1935, il fait un voyage d’études en Indochine. Puis sa vie semble se stabiliser : il devient instituteur à l’Ecole Normale d’Alger-Bouzaréah. A l’arrivée des Américains il est mobilisé comme correspondant de guerre, fait les campagnes de Tunisie, d’Italie et d’Allemagne. En 1945 il participe à la mésaventure atlantique du «Lionel de Marmier». Aujourd’hui, après avoir parcouru l’Europe en tous sens, l’Amérique du Sud et une bonne partie de l’Asie, Roblès écrivain, traducteur et journaliste, partage son année entre la petite villa familiale de la Bouzaréah (qui vient de s’enrichir d’un joli trésor appelée Jacqueline) et les trépidations littéraires de Paris.
S’il est un peu le citoyen du monde, Roblès a choisi pour animer son œuvre la terre et les hommes d’Algérie. Ainsi, dans son premier roman, L’Action, écrit à vingt-deux ans, il analyse les problèmes syndicalistes et sociaux qui, aux environs de 1936, transformèrent Alger en un creuset de misère et de haine. Puis viennent La Vallée du Paradis et Travail d’Homme.
Roblès a dédié ce dernier roman aux ingénieurs, aux ouvriers du barrage des Béni Bahdel et à la mémoire de son père, ouvrier maçon mort à la peine. L’action, située ici en Espagne, se déroule en réalité à Béni Bahdel et à Perrégaux où Roblès a vécu, témoin des efforts et des sacrifices de l’homme. Rafaël, héros du roman, s’évade de son existence bourgeoise et passive pour aller au barrage vivre son idéal de grandeur et d’amour.(…)
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