L’ivrEscQ : Votre recueil de poésie s’intitule la mer vineuse (disait l’aveugle). Peut-on comprendre davantage le titre par le poète lui-même ?
Abderrahmane Djelfaoui : Ce titre n’a vraiment rien d’énigmatique. Il cite juste une des images qui ne cesse de revenir en leitmotiv dans l’Odyssée, – cet immense poème des aventures dramatiques d’Ulysse dont le poète raconte le très long retour vers la terre natale à travers « les brumes des mers », « les mers infécondes, les mers de souffrances et de naufrages », « l’immensité de l’onde amère »,
« la mer violette » ou simplement « la mer vineuse » qui veut dire une traîtrise que la mer offre à celui qui la charme. On n’a qu’à voir le nombre de naufrage comme le bateau de Tness, ou encore ce paquebot touristique italien qui heurte un rocher etc. Le périple plaisant devient un cauchemar! Le poète c’est bien sûr ici Homère qui a vécu il y a prés de 3000 ans et dont le nom en grec ancien signifie « L’aveugle ». En définitive, c’est une image de Homère qui me plaît, un hommage.
L. : La méditerranée vous hante, mais aussi son ciel, « sa terre, médina ». Pourriez-vous nous expliquer ces trois composantes quand on sait qu’elles sont l’ossature même de la vie ?
A. D. : Mer des mers, la Méditerranée est comme une fenêtre ouverte sur les profondeurs de nous-mêmes, sur nos espérances (si souvent déçues, dévoyées…), sur nos courts bonheurs, si lumineux puis, surtout, sur nos déboires, houleux, terribles le plus souvent… C’est d’ailleurs ainsi qu’elle a nourri les civilisations dans une vivacité de longue durée, un rayonnement chaleureux, humain, presque toujours à la limite du miracle. C’est pourquoi elle nous hante depuis la nuit des temps. D’Apulée de Madaure à Amine Malouf, on a la nette impression que c’est elle qui a enfanté toutes les planètes, presque toutes les richesses et nombre d’espoirs de l’humanité, sans compter une dolce vita qui n’est pas que le titre d’un grand film. Cette mer et ses gens auront permis de faire le passage de l’olivier, de l’oranger, des dattes et même du livre (des livres) jusqu’aux confins du monde. Les médinas, les cités, les villes avec leurs ports jusqu’aux hauts plateaux et limites des ksour, des déserts sont le nœud vivant de ses civilisations, le moteur des échanges, des évolutions et de la prospérité (quand il n’y a pas régression, dislocation ou même disparition) (…)
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2 Réponses pour cet article
félicitations djelfaoui
Bonjour, comment se procurer depuis la France le recueil de poème « La Mer Vineuse (disait l’aveugle) » de Monsieur Abderrahmane Djelfaoui ?
Merci
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