
Mohamed Aksouh naît le 1
er juin 1934 à Bologhine, à Saint-Eugène. C’est de l’autre côté de la ville dans le quartier populaire du Ruisseau que s’installent quelques années plus tard ses parents. Aksouh est l’aîné de sept enfants. L’ensemble de sa famille est originaire d’Azazga et de la capitale, sa région. Venu à Alger, son grand-père paternel était conducteur de tramways. Quant à son père exerçant un métier de receveur, il était un ami d’enfance de M’hamed El Anka et proche de plusieurs autres maîtres de la chanson
chaâbi. Prématurément disparu en 1956, il avait dans sa jeunesse suivi des cours du soir et émaillé d’enluminures deux vases qui allaient longtemps demeurer d’un «grand mystère» pour Aksouh. Peut-être auront-ils été aux lointaines origines de l’imprévisible cheminement qui allait le mener à la peinture. Aksouh fréquente au Ruisseau l’école de la Corderie. Occupée, après le débarquement de 1942, par les armées anglo-américaines, elle n’est ouverte que deux heures par quelques jours par semaine. Il entre ensuite au collège technique voisin. Apprenti dès l’âge de quatorze ans, Aksouh est à partir de 1948, au Ruisseau, forgeron serrurier. Lors d’un accident de travail il perd quelques années plus tard les premières phalanges des deux index, et, donc, exempté du service militaire. En 1957 un ami lui apprend qu’il pratique la photographie à la Maison des Jeunes d’Hussein Dey, où d’autres activités sont proposées. Il s’intéresse à la poterie, et s’y inscrit pour s’initier le soir, après son travail, aux techniques de la céramique. La sculpteure Nicole Algan y est instructrice. Aksouh lui sera reconnaissant pour son enseignement: elle était soucieuse, dit-il, «
de nous laisser nous-mêmes découvrir». Dans ses émaux Aksouh introduit rapidement le laiton et dès 1959 pratique la sculpture. Le travail des matières, terre, plâtre ou fer, domine ainsi les premières années de sa création. Mais Aksouh aborde bientôt la gouache, l’aquarelle et la peinture. Cheminot de 1958 à 1960 il participe ensuite à l’encadrement de chantiers culturels, va dessiner à Bou Haroun les bateaux et les filets des pêcheurs. En 1962, pendant l’été, un stage lui donne l’occasion de découvrir la France et Paris. Il travaille ensuite durant trois années comme instructeur d’Arts plastiques à l’Education populaire. Ahsouh commence en 1963 de découvrir l’étendue du paysage algérien, depuis les Aurès, le Mzab et l’architecture féerique de Ghardaïa dont certaines de ses sculptures retiennent les rythmes d’arcades et de voûtes, jusqu’à Hassi Messaoud. La même année il rencontre Madeleine Perret, venue quelques mois plus tôt en Algérie. Nommée institutrice à Relizane, elle s’est engagée déjà dans l’écriture poétique. Sur les plages des alentours d’Alger, entre mer et forêt, Aksouh ramasse les algues et les galets dont les teintes diffuses, les lumières internes, resurgiront durant des décennies sur sa palette. Aksouh appartient à la «génération de 1930», la dizaine de peintres la composant étant le plus généralement nés autour de l’année, qui cristallise en Algérie la modernité picturale. Itinéraires divers : quelques-uns ont suivi l’enseignement des Écoles des Beaux-Arts d’Alger ou d’Oran puis, éventuellement, de Paris, les autres se sont engagés, forgeron comme Aksouh, typographe comme Khadda, individuellement dans leur art. «
Ce qui est réconfortant c’est que les véritables artistes et ceux qui traduisent le mieux ce pays sont aussi des travailleurs», écrit l’acteur et dramaturge Ould Abderrahmane Kaki dans sa préface à la première exposition d’Aksouh à Alger : «
Pas un art parasite ou fonctionnaire, mais un art besoin d’expression, un art besoin de vivre, et non pour en vivre». Plusieurs de ces peintres se trouvent rassemblés dès juillet 1962 pour le «Premier Salon de l’Indépendance auquel participe Aksouh. (…)
Une Réponse pour cet article
Je voulais témoigner de la joie de rencontrer cet homme remarquable, de ça qualité d’être empreinte de poésie et d’une certaine sagesse!
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