Le Centenaire de la naissance de Mohammed Dib, un plaisir d’évoquer un de ses ouvrages « Simorgh » paru en 2003, quelques mois avant son grand départ. On n’est jamais désaltéré de la profondeur qu’il nous offre. Il y a des réflexions philosophiques, des maximes, des citations, un voyage initiatique de Simorgh accompagné de 11 autres compagnons comme dans la Conférence des oiseaux du mystique iranien Farid Eddine Attar où la Huppe, Simorgh et les oiseaux se perdent dans la vallée pour mieux se retrouver.
Mohammed Dib entremêle la force d’une quête sans répit et celle de l’imaginaire dans les rouages de l’immuable. Une errance intemporelle pour ne voir in fine que Soi se mirant dans une glace. «Les ombres que les nuages perdent en route ne font qu’errer sur les champs, errer dans une grande confusion. Nous errons aussi, mais ombres de quels nuages ? Nous errons.» (p. 76). Il y a ce zoom attendrissant sur cette partie d’Ifriqiya, Numidie… «Et, pas à pas, je poursuis mon chemin, j’arpente la cité latine, battue de tant de soleil, tant de vent, tant de silence. Ce que je la sens porter en son cœur se dilate et répartit sur toute ma vie…» (p.30) Ainsi, le ton et la partition donnés gravent l’apanage des Lieux.
« Simorgh » regorge de poésie et parfois même d’humour. Une dérision tantôt caustique, tantôt doucereuse dans un calice de l’intensité : «Le poème est notre miroir, quand nous le désirons. Mais miroir obscur, comme il se doit, pour les êtres obscurs dont nous sommes et dont nous ne portons le masque que pour être vus.» (p.22).
La houle d’un langage nous offre des images à profusion. Une écriture libre tanguant au rythme de Simorgh dans sa légende.
«Je me chante une petite chanson, peut-être que ça me fera oublier l’exil, et ce tas de merdes dessus quoi je marche :
Pigeonnes au teint blanc
De jeunes filles, plaise
Impudentes qui vous pavanez
Dans la cour des mosquées ;
Anes des rues trottinant
Avec vos coupures à vif si
Savoureuses à lécher, plaise
Qu’est-il de moi advenu ? (p. 63)
Ainsi le voyage Dibien ne s’achève guère; l’horizon porte l’arc-en-ciel de son encre.
A d’autres errances de Mohammed Dib en ce 2020, année du Centenaire de sa naissance !
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